Mais si ! Travailler pour l’industrie du tabac, c’est SU-PER !

En surfant sur le réseau social professionnel LinkedIn, j’ai eu la chance (oui la chance !) de tomber sur cet article écrit par une ancienne marketeuse de l’industrie du tabac en Thaïlande. Cette jeune-femme nous explique à quel point travailler pour l’industrie du tabac est génial et moi … ça m’a donné envie de le commenter 😂. Travailler pour l’industrie du tabac, je l’ai fait, et j’avais trop envie de décortiquer pour vous tous ces arguments bidons (mes commentaires sont précédés de cette 💡)

.

5 choses que j’ai apprises en travaillant pour l’industrie du tabac : une industrie controversée

Article LinkedIn posté le 15 septembre 2018
Lien vers l’article

.

Travailler pour l’industrie du tabac peut, pour une majorité de personnes, ne pas apparaître comme une option envisageable. D’abord à cause de l’image négative qu’en ont les gens mais aussi à cause des challenges croissants que l’industrie rencontre. Cependant, je pense que « le choix de l’industrie dans laquelle on travaille » est un choix personnel, au même titre que le consommateur qui choisit librement de fumer, boire de l’alcool, faire de la chirurgie esthétique, prendre des compléments minceur, manger des protéines animales ou des graisses tout en en connaissant les effets négatifs.

💡 Ce “choix personnel” est un argument phare de l’industrie du tabac. Ils ne poussent personne à fumer, fumer est un “choix personnel” car nous sommes tous de grandes personnes libres de nos actions. Une belle façon de déculpabiliser les salariés et de leur faire oublier qu’ils vendent un produit qui rend dépendant et qui tue. Cette personne a tellement soupé de cet argument qu’elle nous le remet ici pour justifier son choix de carrière.

Il y a de quoi discourir longtemps mais ce n’est pas mon propos aujourd’hui donc je m’arrête là (mais si vous envisagez de rejoindre l’industrie du tabac et que vous voulez des infos, ma boite mail vous est ouverte !).

Aujourd’hui si je prends la parole, c’est pour partager avec vous mon point de vue personnel et mes observations sur les expériences positives que j’ai vécues dans mes 2 postes au marketing dans 2 compagnies internationales de l’industrie du tabac.

💡 Je trouve étrange qu’elle ressente le besoin de faire la promo d’une industrie (controversée comme elle dit) alors qu’elle n’y travaille plus. Le fait qu’elle souligne (en plus !) que ses propos sont personnels et n’engagent qu’elle, me met encore plus la puce à l’oreille. Est-ce que cet article n’aurait pas été commandé par l’industrie du tabac elle-même ?? 🤔

.

J’ai trouvé beaucoup d’avantages à travailler pour l’industrie du tabac, vous trouverez ci-dessous les 5 principaux :

..

1/ Sérieuse politique de gestion des talents et programme de fidélisation

.

C’est logique non ? Pour une industrie si controversée, recruter et garder ses employés est un gros challenge. Donc suivre les talents et mettre en place des programmes de fidélisation est une nécessité.

En plus des programmes de formation et la gestion de carrière classiques, je pense que l’industrie du tabac propose les meilleurs « graduate management trainee program »¹ comparés à la plupart de ceux proposés dans les grosses entreprises FMCG² dans lesquelles j’ai précédemment travaillé.

💡 Son argument est logique en effet : on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Le problème c’est qu’elle “pense” et ne prouve rien. Pipo donc, son argument ne vaut rien.

.

2/ Super environnement de travail

.

Depuis le début de ma carrière, j’ai travaillé dans 6 entreprises parmi lesquelles 2 compagnies de l’industrie du tabac. Ce sont mes 2 expériences préférées.

La dernière dans laquelle j’ai travaillé (en Thaïlande ndlr) est JTI, qui fait partie de Japan Tobacco. Elle appartient au gouvernement japonais mais a des activités internationales et un siège social à Genève en Suisse.

Les locaux de JTI Thaïlande sont situés au 38^e étage d’un complexe immobilier dernier cri. Ils offrent une vue époustouflante sur Bangkok grâce à ses balcons extérieurs privés. Il y a également une énorme zone repas surplombée par un plafond de verre mais aussi une salle de repos avec des fauteuils poire, un billard, du café et des sodas gratuits. Et je parle simplement du bureau thaïlandais ! Pas du siège régional et encore moins du siège social qui, à ce que j’ai entendu dire, offre encore plus d’avantages et est encore plus chic.¹²

💡 Bingo. Ils m’ont eue sur les fauteuils poire ! Je postule ! Mais c’est absolument ridicule ! Qui choisit une entreprise pour son self ou la vue de la tour ? 😱 Elle dirait qu’il y a des massages gratuits tous les jours à midi, allez, pourquoi pas. Mais là ? Combien d’entreprises proposent déjà tout ça ? Sans compter que les locaux du siège à Genève, je les connais et franchement ils ne cassent pas trois pattes à un canard. Mais alors vraiment pas.

.

3/ Missions internationales

.

Si votre rêve c’est de travailler en dehors de la Thaïlande, les entreprises de l’industrie du tabac offrent de belles opportunités de bouger sur d’autres marchés.

Tout cela encore une fois grâce à leur politique de recrutement qui vise à développer et fidéliser la masse salariale en proposant de multiples opportunités à l’étranger (qui s’accompagnent évidemment de nombreux avantages en nature et bénéfices !).

💡 Ouep … Comme tous les grands groupes internationaux quoi …

.

4/ Un tas de collègues sympas et cool

.

Je ne cherche pas à m’envoyer des fleurs 😉 LOL … C’est juste un autre retour d’expérience !

J’imagine que les personnes qui sont disposées à travailler dans une industrie du “péché” et “ultra régulée” comme l’est l’industrie du tabac doivent être plus cools et faciles à vivre que les autres.

💡 Ben voyons … et ceux qui bossent dans le bio je te raconte pas, c’est bien simple, ils font toujours la gueule 😂

Je me suis vraiment fait beaucoup d’amis parmi mes collègues et je me suis rendue compte que la façon de travailler était très plaisante. C’est un point commun à mes deux expériences. La première date d’il y a 13 ans et à ce jour certains seniors/ex-patrons sont toujours mes mentors absolus.

Autre point, de par la nature du produit que nous vendons, nous sommes amenés à vivre des activités sympas, faire la fête. Autant de raisons de se rapprocher et de renforcer les liens avec ses collègues.

💡 Alors il faudra nous expliquer le rapport 🤔 Elle ferait un article sur l’industrie de l’alcool, on pourrait entrevoir le lien avec le côté festif, mais avec le tabac je ne vois pas …

J’ai mis ce point positif en 4^e position mais franchement, en ce qui me concerne, c’est un des points les plus importants d’une carrière. Nous passons tous la moitié de notre vie au travail, alors les collègues et équipes ont plutôt intérêt à être des personnes avec qui l’on est heureux de passer du temps non ?

💡 Ben vuiii c’est sûûûûûr 💁

.

5/ Développement de la créativité & d’autres attitudes positives

.

Il fut un temps où je trouvais ça challengeant de devoir trouver des résultats de recherche pour faire valider au service juridique mes slogans du type « effet blancheur à partir de 10 jours, résultats garantis » ou faire 5 à 10 aller-retours de validation pour une campagne de communication grand public pour une compagnie d’assurances-vie.

Si vous avez la chance de travailler un jour au marketing pour l’industrie du tabac, vous apprécierez le nombre de points de contact potentiels qui existent avec vos consommateurs.

💡 La Thaïlande est un des marchés les plus restrictifs au monde. Le seul point de contact possible doit être le bureau de tabac (et encore) et peut-être le packaging. Alors de quels points de contact parle-t-elle ?? Des points de contact illégaux peut-être comme les soirées ou les événements presse ? 😈

Parce que l’industrie du tabac est lourdement régulée et restreinte dans sa communication, le plus petit des éléments de communication doit passer par le service juridique pour validation.

💡 Ne vous y méprenez pas : le service juridique n’a pas un regard “respect des lois de santé publique”. Non, il a un regard “calcul du risque”. Il compare le risque légal pris (amende, procès, etc) aux potentiels gains financiers. Si la balance est positive : on a leur go.

Donc pour moi, travailler pour l’industrie du tabac m’a vraiment permis de libérer ma créativité et d’être bien plus positive dans ma façon de surmonter les difficultés. En somme, j’ai survécu à l’industrie la plus compliquée (selon moi 😉 LOL).

.

En conclusion

.

Tous ces propos reflètent mon opinion personnelle issue de ma propre expérience. Bien sûr, le choix d’un emploi est le fruit de multiples facteurs et considérations. Mon intention ici était de partager mes propres pensées positives sur une industrie à propos de laquelle vous pourriez avoir du mal à obtenir des informations de la part des anciens employés.

..

Pour finir, je voudrais terminer avec cette citation :

« Il y a toujours quelque chose de bon qui ressort de toute expérience
Les bons moments deviennent de bons souvenirs
Les mauvais moments deviennent de bonnes leçons
Tu ne perds jamais, tu grandis »

💡 Enfin parle pour toi ma chérie. Je te rappelle que 2/3 de tes clients sont morts à cause de ton produit et eux, ils ont bel et bien perdu. Mais on s’en fiche, tu as raison, c’est plus simple de ne pas y penser. Après tout, c’était leur choix personnel.

.

Cet article a reçu plus de 400 “j’aime” et plus de 40 commentaires que j’ai tous lus. Certains valent le détour ⤵️

.

1/ J’approuve totalement, même en travaillant pour un autre marché/pays ! Je suis très fier de faire partie du groupe British American Tobacco et, comme tu l’as dit, très fier également d’apprendre tous les jours comment améliorer l’expérience produit des consommateurs !

💡 Ahhhh l’expérience produit ! Autre mojo de l’industrie du tabac après le “choix personnel”. Les marketeurs cherchent à proposer les meilleures “expériences produit” possibles à leurs consommateurs. Exit de leurs pensées le fait que leur produit est mortel. Ils raisonnent en mode “Nespresso”. Sauf que derrière chaque innovation produit se cache un petit diable : soit une nouvelle façon d’attirer les jeunes (cf l’article Hey mon ami ! Tu rejoins Toxic Corp ?) soit une façon de vous rendre encore plus accro (cf l’article Les innovations des cigarettes ne vous veulent pas du bien).

.

2/ Selon mon expérience, le dernier point est crucial. Travailler pour l’industrie du tabac a eu un très fort impact sur mes futurs emplois et ma carrière puisque j’ai appris à chercher des solutions non-standards, au top de la créativité, hors des sentiers battus !

💡 Nous parlons donc de s’éclater à contourner la loi pour vendre plus de produits mortels à des innocents. So much fun !

 .

3/ J’aime comme cet article est franc et ouvert d’esprit. C’est une bonne lecture pour une jeune diplômé comme moi et pour les personnes qui stéréotypent cette industrie.

Réponse : Je suis heureuse d’avoir de jeunes lecteurs comme toi ! Et j’aime ce verbe « stéréotyper » que tu utilises. Une des questions qu’on me posait toujours quand je disais que je travaillais pour l’industrie du tabac était « est-ce que tu fumes ? ». Eh bien, certains fument mais plus de la moitié ne fument pas. C’est simplement leur choix. Je ne fume pas et ne fumerai jamais juste pour pouvoir être un autre exemple du fait que l’on peut très bien travailler pour l’industrie du tabac sans fumer, même au marketing.

💡 Et si tu ne fumes pas, ça n’est pas du tout parce que ce produit tue et que tu le sais mieux que quiconque 😂 C’est vrai que c’est franc tout ça.

.

---

📸 Sam Manns

¹ Les « trainee programs » ou « graduate programs » sont des programmes conçus par les entreprises pour attirer de jeunes talents et les préparer à évoluer rapidement dans l’entreprise. Plus d’infos ici : https://www.rhinfo.com/thematiques/formation-et-developpement/quest-ce-quun-graduate-program

2 FMCG = Fast-Moving Consumer Goods. Produits de grande consommation en français.

.

Et vous vous pensez quoi de tout ça ?

.

.