Aujourd’hui, 1e mars 2018, commence la longue et progressive hausse du prix du paquet de cigarettes. Première étape : 8 euros. Objectif : 10 euros d’ici 2020. Mais cette hausse progressive du prix du paquet de cigarettes aura-t-il vraiment un effet sur la consommation ou sommes-nous de bons petits poulets que l’on aime plumer ?
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Hausse du prix du paquet de cigarettes : action de santé publique ou opération cash pour Bercy ?
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On entend souvent dire que la France est hypocrite, qu’elle se gave de l’argent des cigarettes et que pour bien faire, elle ferait mieux d’en interdire purement et simplement la commercialisation.
C’est vrai que chaque année, les cigarettes rapportent 14 milliards de recettes. Soit quasiment le budget du ministère de la sécurité en 2018 (13 milliards).
Mais ce qu’on ne dit pas – ou trop peu – c’est que chaque année l’État enregistre une perte nette de 120 milliards d’euros¹ à cause du tabac. 120 milliards d’euros vous vous rendez compte ???
C’est l’OFDT (l’office français des drogues et des toxicomanies) qui a mesuré ce coût social. Pour ce faire, ils ont vu large. Ils ont pris en compte le coût externe du tabac (coûts liés à la perte de production des entreprises et des administrations, coûts liés à la mort des fumeurs ou la perte de leur qualité de vie), les coûts en termes de prévention, répression et soins – auxquels ils on soustrait les fameux revenus des taxes et les économies liées aux retraites non versées.
Notez qu’ils ont également fait l’exercice pour l’alcool et que l’on arrive au même montant.
💡 À eux d’eux, l’alcool et le tabac ont un coût social pour la société qui était équivalent au budget 2018 de tous les ministères confondus 😨
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Pourquoi ne pas agir vite et fort pour arrêter de perdre cet argent ?
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Tout est une question de timing : de court terme et de long terme.
Si on interdisait le tabac aujourd’hui, il faudrait compter un certain nombre d’années pour gommer ce coût social. Et nos dirigeants ne sont pas prêts à s’asseoir sur 14 milliards de recettes cash. Après eux, le déluge.
Et puis ce serait une révolution ! Vous voyez vraiment l’État français interdire la vente de tabac ? Ça s’appelle la prohibition et on sait que ça n’a pas empêché les Américains de consommer de l’alcool.
Heureusement (enfin c’est la moindre des choses), l’État se sert de ces recettes pour financer (un peu) ses pertes.
La TVA du paquet part directement pour le financement de la branche maladie de la sécu² (ce que l’on pourrait appeler le serpent qui se mord la queue) et les taxes partent financer :
- l’Assurance Maladie (re)
- la CAF
- la CMU (la couverture maladie universelle)
- la retraite anticipée des travailleurs de l’amiante (va savoir pourquoi)
- et nouveauté 2017 : le fonds de prévention contre le tabac qui a été créé dans le cadre du Plan National de Réduction du Tabagisme (et qui a depuis été remplacé par un Fonds Addictions en général)
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La hausse du prix du paquet de cigarettes est-elle une mesure efficace ?
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L’OMS (l’organisation mondiale de la santé) dit que c’est la mesure la plus efficace de lutte contre le tabagisme.
D’abord parce qu’elle freine l’achat chez les plus jeunes mais aussi parce qu’elle déclenche l’arrêt chez les populations défavorisées.
Mais pour cela, il faut que la hausse du prix du paquet de cigarettes soit brutale car dans le cas contraire, une mini hausse passera inaperçue et ne freinera pas (ou que très faiblement) la consommation.
Malheureusement, c’est finalement l’option qui a été choisie : des augmentations progressives du prix du paquet de cigarettes de 50 centimes en 50 centimes jusqu’à atteindre la barre des 10 euros en 2020. Espérons que ce prix représentera une barre symbolique que les fumeurs ne seront pas prêts à franchir.
Relisez l’article : “Le paquet de cigarettes à 10 euros, bientôt une réalité, pourquoi c’est une bonne nouvelle”.
¹ Le coût social des drogues en France – Enquête OFDT – Auteur Pierre Kopp – Septembre 2015
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