Quel avenir pour l’industrie du tabac ?

Ça cogite sec en ce moment dans l’industrie du tabac ! Eh oui, avec toutes les mesures prises contre les cigarettes et la consommation de tabac qui baisse un peu partout dans les pays développés, les Big4 (Philip Morris International, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Tobacco) sentent le vent tourner ! Leur objectif : trouver la meilleure façon de maintenir leur business, tout en tentant de se racheter une image. À l’instar de Philip Morris qui dit vouloir devenir une entreprise “sans fumée” d’ici 10 ans … Pas dupe, j’ai enquêté pour savoir comment l’industrie du tabac préparait son avenir.

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Le tabac fumé en déclin dans les pays développés

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Pas de doute, le tabac fumé n’a pas le vent en poupe dans les pays développés.

En 2019, 14% des Américains de plus de 18 ans fumaient, contre 20,9% en 2005 et 42,5% en 1965 ! La tendance est la même en Europe puisque le taux de fumeurs est passé de 34% en 2000 à 26% en 2018. En France en particulier, le taux de fumeurs quotidiens est passé de 28,5% en 2014 à 24% en 2019. En Australie, poisson pilote des mesures sanitaires, le taux de fumeurs descend en flèche depuis de nombreuses années et se situait autour de 13% en 2016. Idem en Nouvelle-Zélande où la prévalence est de 12%.

La mauvaise nouvelle pour l’industrie du tabac, c’est que tous ces pays l’ont dans le collimateur et se fixent de forts objectifs de réduction du tabagisme. La France par exemple a lancé en 2014 le Plan National de Réduction du Tabagisme (remplacé depuis 2018 par le Plan National de Lutte contre le Tabagisme) avec pour objectif d’avoir une génération sans tabac en 2035.

Pour obtenir ces résultats un panel de mesures sont prises dans les différents pays :

• Interdiction de communiquer
• Paquet neutre
• Hausse du prix du paquet
• Mesures d’accompagnement (ex. prise en charge des substituts nicotiniques et Mois Sans Tabac en France)
• Actions de dénormalisation menées par les associations (ex. le compte Rentre dans le game sur Instagram)

Parfois les mesures sont un peu hard … La Nouvelle Zélande, par exemple, s’est fixé un objectif de 5% de fumeurs en 2025. Et pour y parvenir, elle a prévu une augmentation du prix du paquet, une réduction du nombre de points de vente mais aussi et surtout une baisse de la nicotine dans les cigarettes et l’interdiction de la vente de tabac à toute personne née après 2004 (et ce, à vie). Radical !

Bref l’industrie du tabac a bien vu son avenir s’assombrir et s’est rapidement retroussé les manches pour ne pas disparaitre. Alors ? Quels tours a-t-elle dans son sac pour continuer de prospérer ?

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Les alternatives à la cigarette sans fumée

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Tabac chauffé et cigarette électronique

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En 2017, Philip Morris International a créé “la Fondation Philip Morris pour un monde sans fumée”. Son but : œuvrer pour la “réduction des décès et des maladies causées par le tabagisme”. Je ne sais pas qui peut croire en leur sincérité mais bon, ils tentent … Leur message c’est que la cigarette fumée est morte et qu’il faut la remplacer par des produits à moindre risque comme … le tabac chauffé avec leur iQos.

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💡 Pour aller plus loin sur cette fondation, je vous invite à lire cet article paru sur le site Génération sans tabac qui explique pourquoi c’est une fumisterie.

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British American Tobacco est également sur le coup avec la Glo tout en essayant de s’implanter sur le marché de la cigarette électronique avec sa Vype. Idem pour JTI et Imperial avec la Logic et la Blu. J’ai fait un article très complet sur ce sujet que vous pouvez relire ici : Tabac chauffé et cigarettes électroniques, les reconnaitre pour ne pas les adopter.

Si vous me suivez, vous savez que j’affectionne la cigarette électronique et que je la recommande à certains de mes patients. Mais je recommande toujours d’aller en boutique indépendante et jamais en bureau de tabac. Je ne crois tout simplement pas l’industrie du tabac quand elle nous dit qu’elle veut se racheter une conduite. Je sens qu’il y a un loup, j’ai peur qu’il y en ait un, parce que je ne leur fais pas confiance … Alors j’applique un principe de précaution. Pas de vape de l’industrie du tabac, point. Ne serait-ce que pour ne pas financer leurs actions parallèles. Vous comprendrez où je veux en venir plus bas …

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Les substituts nicotiniques

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Vous avez entendu cette nouvelle ? J’ai failli tomber de ma chaise. Philip Morris se lance sur le marché de la santé en rachetant deux labos. Le premier, Vectura, qui fabrique des inhalateurs médicaux et développe des médicaments pour soigner les maladies du tabac. Et le 2e, Fertin Pharma, qui fabrique des substituts nicotiniques (pastilles et gommes). Donc si on résume : ils créent l’addiction et les maladies, et ils les soignent. Bougrement futé … et démoniaque.

Personnellement ça me dégoute. Qu’on ne vienne pas me demander de leur faire confiance. Surtout quand vous lirez ce qui suit.

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Les pays en développement : nouvel eldorado

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Oui la cigarette se meurt dans les pays développés, mais ailleurs qu’en est-il ?

Ailleurs, il y a tellement de futurs fumeurs à capter … et de fumeurs à fidéliser. Selon l’OMS, plus de 80% des fumeurs de plus de 15 ans vivent dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires et la consommation de tabac y augmente de façon constante. De quels pays parle-t-on : des pays d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie (hors Japon). Rien que ça …

L’avenir de l’industrie du tabac, là-bas, n’y est pas du tout pourri et en ce qui les concerne les cigarettiers ne se préoccupent pas du tout de la santé des fumeurs. Au contraire …

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Étape 1 : s’implanter

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En dehors des techniques classiques : packaging attrayant, sponsoring d’événements, etc, l’industrie du tabac utilise une technique plus que contestable pour s’implanter en Afrique notamment. Le point de départ : la vente à l’unité et/ou à la sauvette. Genre commerce illicite. Les fumeurs deviennent accros très vite*, dépensent le peu d’argent qu’ils ont dans le tabac, et pas dans la nourriture pour leur famille ou l’éducation de leurs enfants. Ce qui contribue à appauvrir un peu plus ces pays.

* Pourquoi très vite ? Parce que les cigarettes envoyées en Afrique sont plus chargées en produits toxiques et plus addictives. C’est ce qu’a révélé l’ONG Public Eye en 2019. Sympa hein ? Rappelez-vous la fondation Philip Morris qui veut “œuvrer pour la réduction des décès et des maladies causées par le tabagisme”

Ensuite les industriels vont voir les gouvernements pour leur dire qu’ils peuvent les aider à contrôler ce commerce illicite de tabac et ainsi leur permettre de récupérer les taxes qui leur échappent …

Nadia Collot le raconte brillamment dans son reportage “Tabac la conspiration” dont voilà un extrait :

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Étape 2 : faire pression

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Dans ces pays, il n’y a pas de politique de santé publique, pas de plan de lutte contre le tabagisme, pas de mois sans tabac. Parce qu’ils ne veulent pas ? Non … parce qu’ils ne peuvent pas se le permettre financièrement. Je vous explique. C’est très simple …

Dès que les pays tentent de mettre en place une action anti-tabac, les cigarettiers attaquent. Philip Morris, par exemple, a attaqué l’Uruguay en 2006 pour atteintes aux contrats commerciaux alors que le pays voulait faire passer des lois pour lutter contre le tabagisme (interdiction de fumer dans les lieux publics fermés, interdiction de la publicité, mentions sanitaires sur les packagings, …). PMI a alors demandé 25 millions de dollars de dommages et intérêts. Sauf que eh, 25 millions de dollars c’est environ la moitié du PIB du pays. Et s’il n’y avait que l’Uruguay … CNews en parlait en 2017 dans cet article.

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💡 Pour aller plus loin, je vous invite vivement à lire cet autre article du site Génération Sans Tabac.

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Heureusement ces pays peuvent compter sur l’aide de Michael Bloomberg et de Bill & Melinda Gates qui ont créé le Anti Tobacco Trade Litigation Fund pour supporter financièrement ces pays, mais ce fond ne peut pas tout … Et tous ces pays continuent de se battre tous les jours pour pouvoir protéger leur population des ravages du tabagisme qui, je vous le rappelle, fait 8 millions de morts chaque année à travers le monde.

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En résumé, l’avenir de l’industrie du tabac sera encore et toujours centré sur la recherche de gains, à tout prix, et tant pis si cela se fait sur le dos de la santé des fumeurs, des morts et de la pauvreté. Alors, leurs beaux discours, hein, qu’ils se les gardent !

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